Dominique Rossi

 

 

Mardi 5 avril 2011, une maisonnette à flanc de maquis, à Letia, en Corse-du-Sud. Chez Dominique Rossi, 62 ans, les visiteurs se succèdent. Parents, voisins, amis… L’ancien coordinateur des forces de sécurité en Corse est populaire dans son village, mais aussi sur toute l’île. Ici, personne n’a accepté son renvoi, en 2008, sous prétexte qu’il n’aurait pas su protéger la villa de Christian Clavier, l’ami du président. Lui non plus. Alors, devant un verre d’Orezza, l’eau minérale « made in Corsica », il parle. Pour la première et, sans doute, la dernière fois.

 

Le vieux panneau routier est criblé d’impacts de balles, évidemment. Bienvenue à Letia, minuscule village corse, perché à 800 mètres d’altitude, à une heure et demie d’Ajaccio. Vue féerique sur la vallée, ruelles si étroites que deux cyclistes auraient peine à se croiser. Ici, c’est à croire qu’il n’y a que des Rossi. On en compte même deux prénommés Dominique. Truelle à la main, bob sur la tête, l’ex-contrôleur général de la police nationale Dominique Rossi refait l’allée de sa terrasse. Tranquillement. Sous le chaud soleil d’un printemps radieux. Pour espérer recueillir ses confidences, il a fallu tenter, depuis Paris, de le joindre au téléphone. Sans obtenir de réponse. Puis lui écrire. Sans plus de succès. Et finalement débarquer comme ça, à l’improviste, en comptant sur la traditionnelle hospitalité corse. Cette réputation n’est pas usurpée… Rossi offre à boire. L’eau gazeuse est à bonne température.

Dans un coin de sa maison, il a conservé les centaines de lettres qui lui sont parvenues, à l’été 2008. Des courriers de soutien. « Ça m’a fait chaud au cœur, dit-il de sa petite voix. Toutes sortes de gens, des fonctionnaires, des professions libérales. Même un évêque… » Il ne s’est jamais exprimé sur son éviction, lundi 1er septembre 2008, de son poste de coordinateur des forces de sécurité en Corse. « Une foucade présidentielle », comme il la qualifie aujourd’hui.

Il a pris sa retraite en 2009. Discrètement, comme à son habitude. Depuis, il reçoit les amis, entretient sa passion pour les armes, et arpente le maquis, à la chasse au sanglier ou au perdreau. Drôle de personnage, à la fois mutique et convivial. Corse, quoi. « Pourtant, je n’ai fait que mon devoir, reprend-il. Mais vous savez, j’ai coupé le lien avec ce monde-là, et puis voilà que vous débarquez chez moi… J’avais plutôt envie d’oublier tout ça. » Le reproche affleure. Mais le sentiment d’injustice est plus fort. Cette visite impromptue tombe bien, finalement. Dominique Rossi est mûr pour s’épancher. Alors, il vide son sac. « L’arbitraire me concernant est évident : j’ai été sanctionné alors que je n’ai pas commis la moindre faute. Nicolas Sarkozy a réagi à mon égard intuitu personæ », dit-il, avant d’ajouter, caustique : « Si j’ai bien compris, ma grande faute est de ne pas avoir su que le jardin de la villa de Christian Clavier devait être protégé au même titre que la pelouse de l’Élysée ! » Cette affaire a brisé sa carrière. Une manifestation pacifique, conclue par un envahissement de pelouse bon enfant, a provoqué le coup de sang présidentiel. Il fallait une victime, quelqu’un à qui présenter l’addition, comme toujours, et ce fut Dominique Rossi. Ce même Rossi à qui, pourtant, les autorités avaient demandé de rempiler, à 59 ans, alors qu’il envisageait une retraite paisible…

Avant ce samedi 30 août 2008, où tout bascula, Dominique Rossi coulait pourtant des jours heureux en Corse. La fin de carrière parfaite d’un grand flic réputé pour sa retenue, sa modération. Entré en 1976 dans la police comme simple inspecteur, il a été fait, en janvier 2008, chevalier de la Légion d’honneur. Cette île, il la connaît sur le bout des doigts. Né à Piana, il parle parfaitement la langue corse, manie avec délectation les subtilités insulaires. Ce qui ne l’empêche pas d’effectuer une grande partie de sa carrière en métropole, à l’ex-Direction de la surveillance du territoire (DST). Le contre-espionnage. Rossi y excelle. C’est un homme de l’ombre. La lumière, il la laisse aux autres. En 1999, le voilà de retour sur son île, d’abord comme directeur du cabinet du préfet adjoint à la sécurité, puis, à partir de novembre 2005, comme coordinateur des forces de sécurité. De l’avis général, il fait du bon travail. Le nombre d’attentats est en baisse significative. On lui attribue aussi le démantèlement de la cellule du FLNC-UC, suspectée d’être à l’origine de treize attentats, dont le mitraillage du tribunal d’Ajaccio. Son travail en amont a aussi permis que le Conseil des ministres décentralisé en Corse se déroule sans incident notable, en octobre 2007, ce qui n’était pas gagné d’avance. Enfin, il a su calmer les ardeurs d’une foule nationaliste, lors du jugement des responsables de l’incendie de la collectivité territoriale de Corse, alors que deux audiences s’étaient terminées en pugilat. Bref, un type fiable, le genre de policier de haut rang, estimé pour son savoir-faire, que l’on récompense.

Dominique Rossi a été prévenu, ce 30 août 2008, et il a fait suivre l’information : une manifestation doit se tenir devant la mairie de Porto-Vecchio. Des nationalistes, pour l’essentiel, qui entendent protester contre le plan d’aménagement et de développement durable de la Corse. Ils sont une dizaine, au départ, vers 10 heures, tout au plus une centaine une demi-heure plus tard. Un dispositif léger et mobile de maintien de l’ordre est prévu. « Ils étaient devant la mairie, se souvient Rossi, mais ils sont ensuite partis, par respect pour le maire qui devait se marier ce jour-là ! Après, ils ne savaient plus trop quoi faire, et ils ont décidé d’aller chez Christian Clavier. Dans le coin, les villas de VIP, ça ne manque pas. J’étais au courant de la manifestation, j’ai su qu’ils pensaient se rendre chez une personnalité, histoire de marquer le coup. » Clavier, c’est le client idéal : il est connu, c’est un proche de Nicolas Sarkozy, et sa villa est située dans un lotissement appartenant à Camille de Rocca Serra, député UMP et président de l’assemblée de Corse. Vers 11 h 30, un mot d’ordre circule parmi la poignée de manifestants : « Sortie sud de Porto-Vecchio, après le pont… » Ils se suivent en voiture jusqu’au lotissement de Punta-d’Oro, non loin de la baie de Santa-Giulia. La barrière d’entrée s’ouvre, des manifestants, à peine une vingtaine, se dispersent dans les allées du domaine. « Après avoir cherché l’entrée, ils sont parvenus à pénétrer chez Clavier, raconte Rossi. Ils n’avaient que l’embarras du choix au niveau des propriétés. Ils ont bien joué leur coup. Mais tout de même, il n’y avait que seize personnes ! » Il répète le chiffre, pour être certain que ses interlocuteurs mesurent le ridicule de la situation : « Seize personnes ! Et on ne les a pas perdues de vue, elles étaient suivies par le service d’ordre que j’avais mis en place. » Des gendarmes sont toujours là, à distance respectable, afin d’éviter tout accrochage.

Les seize manifestants pénètrent donc chez l’acteur le plus simplement du monde : par le portillon, resté ouvert, du jardin, qui jouxte une crique. Le groupe prend possession des lieux, dans la bonne humeur. Une scène qui n’aurait pas déparé dans L’Enquête corse, dont Christian Clavier est le héros. Ces drôles de « visiteurs » s’installent au bord de la piscine, le personnel de maison leur sert de l’eau fraîche à la demande du comédien, qui est en mer : il a donné ses consignes par téléphone. Il ne veut surtout pas que la situation dégénère. Le contrôleur général Rossi est lui-même tenu au courant du déroulement des opérations. Il choisit de ne pas intervenir. « On peut me reprocher de ne pas avoir fait évacuer les manifestants par la force, mais le maître des lieux, alors sur son bateau, ne l’a pas réclamé. Au contraire, il a demandé à son personnel de servir à boire aux manifestants. Mais surtout, si j’avais fait donner la force publique, cela aurait immanquablement dégénéré. Ce n’était pas une émeute, mais une sorte de happening, avec seize personnes, parfaitement placides qui plus est… En tant que garant de l’ordre public, mon devoir était justement de ne pas envoyer les gendarmes déloger ces personnes. Avec le recul, je ne regrette absolument rien. Si c’était à refaire, je le referais. J’estime toujours qu’il ne fallait pas bouger. Il est anormal d’investir une maison sans y avoir été invité, mais il est anormal aussi de recourir à la force s’il n’y a pas de déprédations. Pour les faire sortir, il y aurait eu de la casse, nécessairement, en faisant donner la troupe… Le maintien de l’ordre, c’est aussi savoir ne pas intervenir. » De fait, il n’y a aucune dégradation. Un coq en plâtre est bien invité à faire trempette dans la piscine, mais il est rapidement repêché. Au bout de quelques minutes, dans une ambiance potache, les manifestants repartent. Fin de l’épisode, que Dominique Rossi pense alors avoir géré avec tact. « Le samedi soir, pour moi, c’est terminé. Les manifestants sont repartis sans faire d’histoire. » Dimanche 31 août, un petit article de Corse-Matin relate l’affaire, sans y accorder une grande importance. Le texte est accompagné d’une photo sur laquelle on distingue quelques manifestants, l’allure débonnaire, installés sur la pelouse de la propriété de Clavier. Ils ont réussi leur opération, faire parler d’eux. Mais, côté Élysée, la mécanique s’est mise en marche.

En cette fin d’été 2008, Nicolas Sarkozy se repose dans la propriété de son épouse, Carla Bruni, au cap Nègre, dans le Var, dont le préfet sera muté, en juin 2009, pour ne pas avoir su régler les problèmes de tout-à-l’égout qui empoisonnaient sa belle-famille… Le dimanche 31 août, donc, Pierre Charon, conseiller de Nicolas Sarkozy et très proche de Christian Clavier, apprend de la bouche de l’acteur les événements de la veille. Pas question de laisser passer un tel affront. « Sur le coup, cette manifestation n’avait pas provoqué une grande controverse sur l’île, rappelle Dominique Rossi. Cet incident a dû attirer l’attention localement, et c’est remonté à Charon qui s’est beaucoup agité dans cette affaire. J’ai eu l’impression, s’agissant de Charon, d’avoir affaire à la mouche du coche. » C’est une façon assez juste de résumer l’activité de Pierre Charon.

Finalement écarté de l’Élysée en 2010, Pierre Charon veille jalousement sur les intérêts de son mentor, son ami. Il a su le réconforter quand il était au plus bas, après le départ de Cécilia, il connaît tout l’appareil d’État, fréquente les artistes comme les pontes de la police nationale. C’est lui qui veille sur les chasses présidentielles, à Chambord, où il prend soin de convier les personnages qui comptent dans la République, en toute discrétion. On est ici chez les initiés, le top du top, on y croise Frédéric Péchenard, le patron de la police nationale, mais aussi Yves Bot, l’ancien procureur général de Paris, ou encore Patrick Ouart, l’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy en matière judiciaire. Autant dire que Pierre Charon a des relations. Et un solide carnet d’adresses, dans lequel on trouve nombre de journalistes influents. Les messages, il sait les faire passer. C’est un rouage essentiel dans la mécanique sarkozyste. Un homme influent. Bref, il vaut mieux avoir Pierre Charon avec soi. Dominique Rossi va l’apprendre à ses dépens.

« Le dimanche matin, je reçois un premier coup de fil, relate-t-il. J’étais ici, à Letia, tranquille. C’est Charon. Il se présente comme conseiller à l’Élysée. Il me demande ce qui s’est passé. Il ne me fait pas de reproches, ses questions sont purement factuelles. J’étais tout de même un peu surpris que ce soit lui qui m’appelle. Puis je reçois un second appel, cette fois du secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant lui-même. À son tour, il me réclame un exposé précis des faits, que je lui résume. Mais il souhaite un compte rendu exhaustif, par écrit. Alors, après avoir raccroché, j’appelle un collaborateur à Ajaccio et je lui dicte une note. Le temps qu’il la rédige, je file à Ajaccio, où j’arrive une heure plus tard, je signe le rapport et on le transmet à Paris immédiatement, au ministère de l’Intérieur. » Nicolas Sarkozy est mis au courant des déboires de son ami Clavier. Il tempête. Exige une tête. Celle de Rossi s’impose. « Le lundi 1er septembre, je ne m’inquiète de rien, se souvient l’ex-contrôleur général. Jusqu’à 14 heures, lorsque je reçois un coup de fil du directeur du cabinet de Michèle Alliot-Marie, la ministre de l’Intérieur. Là, Michel Delpuech m’annonce que je suis relevé de mes fonctions, comme ça. Apparemment, cela ne l’amusait pas. Je n’ai pas réagi, j’ai juste pris acte. Que vouliez-vous que je dise ? Mon statut ne me permettait pas de me rebiffer, même si c’était totalement injuste. Bien sûr, j’ai été très surpris. Heureusement que j’étais assis lorsque j’ai entendu que j’étais viré… Le lundi après-midi, je décide de ne rien dire, le temps que le nouveau préfet, qui prenait justement ses fonctions ce jour-là, soit installé. Puis je suis rentré chez moi, à mon domicile ajaccien. Je suis revenu à mon bureau une seule fois, le lendemain matin, pour prendre mes affaires. Je les ai mises dans un sac et je suis parti, voilà. »

Une photographie, parue dans Corse-Matin mercredi 3 septembre, immortalise l’événement. On y voit un Dominique Rossi, l’air perdu, un sac de voyage à la main, quittant la préfecture, un peu comme un voleur. C’en est fini pour lui. Il sera ensuite muté à l’Inspection générale de la police nationale, ce « cimetière des éléphants peuplé de gens paisibles », comme il le dit joliment. Mais les missions d’inspection purement administratives, les comptages de crayons, très peu pour lui. Il préférera rapidement prendre sa retraite.

Toutefois, l’affaire Clavier-Rossi ne fait que commencer. Car ce qui n’était qu’une petite manifestation de seize personnes va devenir une affaire d’État, par la seule grâce de cette sanction qu’à l’évidence rien ne justifiait. François Bayrou lâche, sur France Inter : « C’est révélateur du régime dans lequel nous sommes, c’est le fait du prince ! » François Hollande, alors premier secrétaire du PS, estime que Rossi a été limogé pour « insuffisance de protection d’un ami du président de la République ». Les syndicats policiers réagissent, soutiennent Rossi. Dans le camp de l’UMP, comme bien souvent, c’est le porte-parole du parti présidentiel, Frédéric Lefebvre, qui monte au créneau, avec une bonne dose de mauvaise foi : « Quand il y a une faute, il y a une sanction », assène-t-il. Camille de Rocca Serra s’offusque, lui, de ne pas avoir été informé de la manifestation des nationalistes. Curieusement, Christian Clavier ne va pas déposer de plainte. Nicolas Sarkozy est en première ligne, accusé de protéger ses amis. L’Élysée laisse filtrer quelques bribes, partielles et fausses, du récit des événements. « Il y a eu zéro dégât, explique Dominique Rossi. On a raconté n’importe quoi, que les manifestants avaient tout saccagé, uriné dans la piscine, déféqué dans les chambres, etc. Tout cela était faux. » Il faut bien essayer de justifier une décision inique.

Nicolas Sarkozy tente de se protéger en rejetant toute responsabilité personnelle. De Damas, en Syrie, il dit ainsi, sans convaincre grand monde : « Je n’ai pas eu besoin d’intervenir parce que j’ai un ministre de l’Intérieur qui fait son travail, assure-t-il. Le fait d’être mon ami ne doit pas faire qu’on a moins de droits. » Mercredi 3 septembre, en Conseil des ministres, l’affaire Rossi s’invite dans les discussions. Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, rapporte que le président de la République a déclaré qu’il soutenait « pleinement » la décision de sanctionner le patron des forces de sécurité en Corse, soulignant que « lorsqu’on est préfet, on assume ses responsabilités ». Luc Chatel insiste : « Nos forces de l’ordre avaient été dépêchées sur place à Porto-Vecchio, mais elles avaient reçu instruction de ne pas intervenir et de ne pas dresser de procès-verbal. Or il s’agit véritablement d’une atteinte à la vie privée qui s’est produite », et « il n’y a pas eu de réaction de la part des pouvoirs publics ». Toujours selon Luc Chatel, le chef de l’État a également « indiqué que le fait d’être président de l’assemblée de Corse ou ami du président de la République ne devait pas entraîner le fait d’avoir moins de droits que les autres citoyens ». Les éléments de langage sont parfaitement recrachés. Michèle Alliot-Marie qualifie de son côté l’occupation de la propriété de Christian Clavier de « violation » du droit de propriété. « Je suis en charge de la protection des Français, et de leurs biens, à ce titre, je suis en charge de choisir la personne qu’il faut, à l’endroit où il faut et au moment où il faut. C’est simplement ce qui s’est passé », déclare MAM à la presse à l’issue du Conseil des ministres. Quant aux dégâts censés avoir été commis, la ministre de l’Intérieur confirme en creux qu’ils sont inexistants. Elle en est réduite à plaider qu’il s’agissait de « la dégradation des droits de la République […]. Il y a un droit de propriété, on ne pénètre pas chez les gens sans une autorisation, on ne s’installe pas chez eux, on ne fait pas pression sur les gens […]. C’est la liberté individuelle qui est en cause, ce sont les principes de la République qui sont en cause, et je ne transigerai jamais sur les principes de l’État ». La ministre, grandiloquente, estime que « la violation d’un droit reconnu par la Constitution, qui est le droit de propriété, c’est effectivement quelque chose de grave et auquel personne ne peut se soustraire ».

Voilà Dominique Rossi bien seul, dans cette République où rien ne semble devoir résister à Nicolas Sarkozy. Motif de consolation, à Ajaccio, il ne peut plus faire un pas dans la rue sans être accosté, félicité, encouragé. Il est devenu une espèce de héros local, lui qui cultive tant la discrétion. « En fait, les occupants de la maison de Clavier ont réussi un coup symbolique au-delà de leurs espérances, grâce à l’incroyable médiatisation qui a été donnée par le pouvoir à cette histoire. Tout cela, c’est une atteinte à mon honneur. J’ai été relevé de mes fonctions pour avoir bien fait mon travail. Encore, si le propriétaire avait appelé et réclamé l’usage de la force publique, je ne dis pas, la situation aurait été différente. Mais là, même pas, cette occupation s’est déroulée dans une ambiance pacifique, à la bonne franquette. C’est vraiment l’Élysée qui a envenimé les choses. Clavier, à mon sens, a été victime de l’affaire comme moi, car son image a été affectée sur ce coup. Il n’a rien gagné dans l’opération. »

Et pourtant, Dominique Rossi connaissait bien Nicolas Sarkozy. Il a eu le temps de faire les comptes, depuis qu’il s’est éloigné du pouvoir. Il affirme l’avoir rencontré à vingt-sept reprises exactement. « J’avais un a priori très favorable pour le ministre de l’Intérieur, notamment Sarkozy I, entre 2002 et 2004. Mais il a toujours eu des méthodes expéditives. » Il reprend : « Moi, tout cela m’a atteint dans mon amour-propre, c’est vrai. Mais je m’en suis remis au bout de quarante-huit heures. Par contre, l’entourage souffre dans ces cas-là. » Il n’en dira pas plus, par pudeur. Les nuits blanches furent nombreuses pour ses proches, en pleine tourmente. Lui assure qu’il a toujours dormi « du sommeil du juste ». Il se dit serein, sûr de son bon droit. Il clame qu’il a tourné la page. Mais il a tout de même conservé toutes ces lettres de soutien, comme autant de marques d’affection. On ne sort pas indemne d’une éviction aussi cruelle, illégitime. On souffre, forcément. Mais on ne le dit pas, on le cache. « Que pouvais-je faire ? Je n’allais pas “challenger” le chef de l’État. Alors je suis parti en retraite anticipée. On rentre au bercail et après, au diable ! Il y a une violence chez Nicolas Sarkozy, et la haute administration le vit mal. Y compris dans mon affaire : des gens ont dû marcher, se conformer aux ordres du chef de l’État alors qu’ils n’étaient pas d’accord avec cette sanction injuste. Comme dit le proverbe, selon que vous serez puissant ou misérable… »

Il se tient toujours au courant de l’actualité, lit Le Monde et Corse-Matin, note avec une évidente satisfaction la faible popularité de Nicolas Sarkozy. « Ces foucades, c’est un trait de caractère de Sarkozy. Ce n’est pas la marque d’un chef d’État, à mon sens. S’il avait attendu un ou deux mois, il m’aurait déplacé discrètement, sans tambour ni trompette… » L’impatience présidentielle, encore et toujours. Dominique Rossi en a été l’une des victimes les plus médiatiques. Il s’en serait bien passé. Mais il a du temps devant lui, désormais. Là, sur sa nouvelle terrasse surplombant le maquis, il confie sa certitude de jours heureux à venir, de crépuscules magnifiques.

Sarko M'a Tuer
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